top of page
cosmos

En route pour Crusadée

En route pour Crusadée : roman de Julien Gabriels
Premier extrait
4e de couverture

En route pour Crusadée  -  2020

Quatre aviateurs de la guerre du Vietnam sont emmenés malgré eux jusqu’à la planète Crusadée par des extraterrestres rencontrés dans une grotte. Après un long voyage à travers différents univers, et un report d’existence, ils atteignent enfin Crusadée où, en compagnie de leurs hôtes, ils mèneront une vie très différente de leur première période sur Terre.

Premier extrait

I -

Une main aussi pure qu’un diamant tourna la vingt-cinq-millionième page du « Grand livre de la connaissance universelle ».

Par transparence, six doigts complexes laissaient entrapercevoir leur mécanique intrinsèque, et semblaient déchiffrer le texte inscrit dans le livre d’or.

On y relatait qu’au cœur de l’univers en expansion, dans une fort lointaine galaxie, allait avoir lieu un évènement exceptionnel. En réalité cosmique se conjuguaient passé, présent et futur, et seuls quelques « grands prêtres » ou sommités pouvaient les consulter et savaient les décrypter.

Du reste, sur Crusadée et des millénaires durant, avait été entretenue la légende d’une expédition perdue sur une planète de la Voie lactée, expédition que l’on imaginait avoir disparu à tout jamais. Ou peut-être avoir été mise en sommeil… ; jusqu’à ce jour…

 

*

 

Nous étions, ce jour-là, en pleine guerre, dite du Vietnam, sur cette lointaine planète, que ses habitants avaient appelée Terre, mais que l’on nommait ici Hydroxy-26 ou encore Imohé-8, car cette planète avait été découverte par l’illustre astronome Imohé, Pantarque, Nazurkien, de la lignée des Nepty, parmi sept autres astres en gravitation autour d’une même étoile. D’où la terminaison de cette dénomination Imohé par : tiret 8.

C’était au beau milieu du vingtième siècle, du calendrier grégorien.

 

5 h 7. Michael, aux commandes de l’un des bombardiers, un Boeing B-52G, osa un regard vers David qui venait de jeter les yeux sur sa montre. Alors qu’approchait l’heure H, leurs cœurs s’étaient mis à battre la chamade. Derrière eux, préparés et armés jusqu’aux dents, nombre de soldats étaient prêts à sauter. Personne ne se serait imaginé que ces G.I. avaient une quelconque peur. Car pour beaucoup ils étaient des héros… et un héros, par essence, n’a point les foies !

On allait sous peu les larguer…

Maintenant, en s’amplifiant, se propageait un drôle de murmure… Go ! Go ! Go ! À la queue leu leu, les paras quittaient la carlingue et s’égaillaient dans un air surchargé de poudre et de sang. Dans un ballet sans fin surgissaient des entrailles des monstres volants toutes sortes de silhouettes, bientôt nappées par une brume montant du sol.

 

Il s’agissait de l’opération « Nimbus ». Quant à la portion de terre vietnamienne préalablement dorée au napalm, elle avait comme douce appellation : Sam-shong.

Les objectifs s’étaient avérés fort clairs pour l’État-major, mais quelque peu obscurs pour les participants, y compris pour les pilotes des avions ainsi qu’une partie de leurs équipages.

À l’époque, beaucoup luttaient pour une certaine forme de démocratie… En réalité, certains allaient respirer là leurs derniers effluves de leur existence de mortels. Demain, viendra, qui sait ?, le temps de les glorifier : tantôt avec des fleurs, tantôt des louanges, des souvenirs, voire des larmes… ; tombés au champ d’honneur, selon l’expression consacrée.

Second extrait

Second extrait

Chapitre V

À l’intérieur de l’astronef, le vol vers Crusadée avait bien débuté. Tout le monde s’était regroupé dans la partie intérieure du vaisseau ; l’équipe dirigeante se trouvait au cœur même de celle-ci, dans une salle de commandement dite « de voyage interstellaire », et en relation avec l’immensité galactique alentour par l’intermédiaire d’écrans de visualisation.

Michael et Onéris discutaient en ce moment dans une petite pièce attenante. La porte s’ouvrit... Apparut Meltor, l’un des éminents scientifiques qui, dans cet espace clos, était incontournable pour une bonne marche d’opérations essentielles. C’était un crusadéin de taille moyenne, mais à la tête sans doute encore mieux « faite » que celle de la plupart de ses homologues ; au regard franc et malicieux. Ses pupilles étaient d’un bleu profond. Il était vêtu d’un uniforme spatial écru, qui avait déjà été remarqué par les quatre aviateurs comme étant celui des experts, dont le travail était de tout pouvoir résoudre en cas de problèmes au cours du vol. Certes, ils n’avaient pas toujours pu tout résoudre... La preuve en était cet aparté sur Hydroxy-26, cette planète encore appelée Imohé-8, ou, pour les autochtones, la Terre.

Il leur annonça qu’on allait d’un instant à l’autre passer à proximité de l’ISS, la Station spatiale internationale. Puis on se dirigerait vers la Lune qui serait contournée d’ici une douzaine d’heures ; pour les crusadéins, juste le temps de continuer à observer de près le système solaire, dont ils avaient déjà pu visualiser la plus grande partie au moment de leur arrivée sur Terre, il y avait 4036 années terrestres. Après quoi, l’on emprunterait un premier tunnel, un premier trou de ver, c’est-à-dire un premier raccourci à travers l’espace-temps, aux confins du système solaire, et l’on se déplacerait dès lors beaucoup plus vélocement.

Meltor demanda à Michael si lui-même et ses amis désiraient apercevoir, sur le satellite naturel de la Terre, l’endroit foulé pour la première fois par deux de leurs concitoyens, puis les divers lieux arpentés par la suite par les astronautes américains. Comme cela semblait intéresser l’aviateur et, sans aucun doute aussi, ses coéquipiers, Meltor lui annonça qu’il donnerait l’ordre de ralentir leur astronef pour la circonstance. Ils pourraient alors se rendre dans le surplomb de commandement, dans la partie externe du vaisseau, et tenter d’entrevoir l’un ou l’autre des drapeaux américains sur cette Lune, ceux d’Apollo 12, puis Apollo 16 et 17.

Ce fut donc ainsi que, plus tard, les mêmes étaient réunis dans la salle périphérique de commandement, pour un dernier coup d’œil sur le monde qu’ils allaient à tout jamais quitter.

D’ailleurs, jamais ils ne se seraient imaginé, et même en pilotes expérimentés, avoir un jour le loisir d’approcher la Lune de si près, et d’autant plus que le programme spatial américain avait été considérablement réduit après une première conquête de l’espace. Et ils y étaient à présent... Ils pouvaient même apercevoir leurs drapeaux ; déployés là, il y avait bien plus de vingt-cinq ans, sur l’astre de la nuit.

Dans le fond, à cet instant, ils se demandaient s’ils ne pourraient pas envoyer d’ici un message à leur famille, tout comme les précédents astronautes avaient pu bavarder à l’époque avec la leur...

Si ce n’était point impossible, Mégalion, Meltor et Onéris s’y opposèrent violemment. Quel choc serait-ce pour leurs proches ! Quel choc pour celles qui auraient, et par obligation, refait leur vie !... Il n’était pas de bon aloi de sortir, tel un zombie, de son tombeau, voire renaitre de ses cendres... Laissez les âmes sinon en paix, à tout le moins apaisées ! leur conseillèrent-ils d’une commune voix.

Ces êtres – cruses et crusées – avaient sans doute raison. Point n’était besoin de réveiller une douleur, si ce n’était éteinte, depuis belle lurette adoucie. Ils se rendirent à l’évidence que c’était là l’une de leurs ultimes pensées d’hommes. Ils devaient à présent réfléchir selon leur nouvelle introspection... Ils regardèrent une dernière fois s’éloigner leur Terre, se demandant à cet instant s’ils la reverraient un jour...

*

Ils gagnèrent dès lors la salle de nutrition, parfois nécessaire et indispensable dans certains espaces-temps, conçue à seule fin de faire face à tous aléas... On leur distribua des pilules énergétiques. Certes, ils avaient déjà dû s’y faire, à ces pilules, lors de leurs préparatifs, après avoir dans un premier temps vécu sur leurs rations militaires de survie. Sans doute devaient-ils à présent bien regretter la cuisine sophistiquée de quelques bons chefs...

Comme leur avait auparavant laissé entendre Mégalion, le moment venu, on leur signalerait les sites intéressants de cette odyssée galactique. Plus tard, on les convia de nouveau dans la salle de commandement, mais cette fois interne, car l’externe n’était plus utilisable à cette heure, vu la vitesse de l’astronef; et au fil du temps, on les invita à admirer sur les écrans tridimensionnels de magnifiques tableaux des planètes les plus éloignées de la Terre, telles qu’avaient pu les survoler les sondes spatiales Voyager 1 et Voyager 2. Mars, bien sûr, avec son célèbre volcan, Olympus Mons, et ses satellites naturels : Déimos et Phobos. Puis Jupiter et ses soixante-sept satellites : Ganymède, Callisto, Io, Europe, etc. ; Saturne, ses anneaux, et ses soixante-deux satellites, dont Titan et Encelade ; Uranus et ses vingt-sept satellites, dont Titania, Obéron, Umbriel, Ariel, Miranda... ; puis Neptune avec ses quatorze satellites dont Triton. Après quoi, ils croisèrent quelques planètes naines, comme Pluton, puis les planètes plutoïdes : Hauméa et Makémaké dans la ceinture de Kuiper, Éris dans le disque des objets épars. Ils rencontrèrent également en chemin quelques comètes, centaures et astéroïdes. Ce serait ensuite, leur annonça le crusadéin Meltor, l’héliosphère puis l’espace interstellaire...

Troisième extrait

Troisième extrait

Chapitre XV

Ils rencontrèrent finalement à nouveau le responsable du cosmoport: Albertir, Herman, Abram, de la lignée des Einstei, mais pour d’autres raisons que leur tout premier accueil. Étant donné le peu de souvenance de leur planète d’origine, ils ne firent nul rapprochement avec un personnage qui fut naguère fort connu sur leur astre. D’aucuns auraient néanmoins pu distinguer quelques traits qui leur furent un jour familiers. Mais sans doute n’était-ce que coïncidence... D’ailleurs, la forme de son crâne n’avait, comme tout crusadéin qu’il était, rien à voir avec celle des terriens. Son intelligence hors de pair avait été reconnue par ses pairs. On lui avait confié la direction du cosmoport et la charge des missions cosmiques au départ de Crusadée. C’était en fait un homme affable, mais que l’on pensait au premier abord un peu bourru, tant ses responsabilités étaient importantes.

Il accueillit derechef les quatre extracrusadéins avec sympathie, mêlant curiosité, sens du devoir, l’honneur également de bien recevoir ces étrangers arrivés du fin fond du cosmos. Comme beaucoup, il n’en revenait pas que ces êtres intelligents eussent pu faire un si grand et long voyage sans trépasser. Naturellement, il connaissait la méthode du report d’existence, qui était mise en application sur toutes les missions lointaines, celles qui allaient explorer les confins de l’univers. Si cette méthode ne fonctionnait pas trop mal chez quelques crusadéins particulièrement choisis et triés sur le volet, il était étonné qu’elle eût pu marcher sur des hydroxiens-26 beaucoup moins évolués que les êtres du cru. Aussi Michael, David, Jeff et John ne pouvaient-ils être, pour lui, que sujets d’expériences et de vigilance scientifiques. D’ailleurs, les avoir à sa disposition n’était-il pas la meilleure et idoine solution pour les examiner de temps à autre et les observer jusqu’à leur fin de vie. Laquelle serait sans doute fort courte sur Crusadée, il en était quasi persuadé. Car ces extracrusadéins ne pourraient, et même dans le temps, s’adapter tout à fait à la vie sur cette planète. Des manques organiques allaient sans nul doute se faire sentir, et l’individu ne pourrait que s’affaiblir. Combien de temps avant de voir apparaitre les premiers symptômes ? Combien de temps avant de premiers dépérissements ? Les avoir à l’œil, et tout près de lui, lui simplifierait la tâche... Il les engagea donc tous les quatre. Certes, il n’était point question de les laisser repartir dans le cosmos, et, peut-être, on ne sait jamais, les voir disparaitre à tout jamais. Mais en apprendre, grâce à eux, un peu plus sur Imohé-8, découverte il y avait bien longtemps par un de ses prédécesseurs, lui parut un bon compromis. Bien entendu, il lui faudrait leur faire revenir quelques souvenirs de leur astre, mais cela était réalisable dans un caisson pressurisé sur lequel il travaillait avec quelques équipes réputées, et destiné à rétablir le milieu ambiant de certaines planètes, qu’ensemble ils se faisaient fort d’étudier pour en tirer quelques leçons nécessaires à de futures expéditions vers ces lointaines contrées cosmiques. Bien sûr, on leur avait greffé une partie de cerveau qui leur manquait, et c’est sans doute grâce à ça qu’ils pouvaient aussi aisément s’adapter sur Crusadée. Or, et il s’en était déjà entretenu avec quelques spécialistes médicaux, il avait envisagé la possibilité de provisoirement annihiler cette zone corticale. Il suffirait alors de replonger les terriens dans leur environnement d’avant, partiellement reconstitué, pour que ceux-ci pussent transmettre des données de première importance. Le problème était de savoir s’il fallait leur en parler avant ou les mettre devant le fait accompli, en prétextant je ne sais quelle aventure sans conséquence aucune, comme une sorte de jeu. Si ce n’était pas amoral, était-ce pour cela moral ?... Les avancées scientifiques sont souvent confrontées à de tels dilemmes, il en était plus que jamais conscient...

Avant d’entreprendre quoi que ce soit, il décida d’en discuter avec Onéris et Mégalion. Ces derniers avaient pu observer ces étrangers durant un long trajet et en retenir de premières appréciations, de premières confidences. Autant d’approches possibles pour les inciter à coopérer à l’épreuve inédite. De toute façon, avaient-ils réellement le choix de s’opposer à de pareilles expérimentations pour le bienêtre de l’humanité, au-delà des frontières cosmiques.

Mégalion, tout autant qu’Onéris, sembla passionné par ce projet. Il avait, avec son équipe, pu faire arriver ces terriens à bon port, réussirait-on à présent à leur faire regagner leur Terre, virtuellement parlant, sans en craindre de profonds traumatismes. Onéris, puisque la communication était son métier de base, fut chargée de tenter d’amadouer les futurs participants pour que pas un ne rechignât même à l’expérience, voire la besogne qui allait en découler. Cela passerait par de progressives étapes. D’abord, savoir déconnecter et reconnecter une aire de cortex, comme on éteignait ou allumait une lumière. Cela ne devrait pas être trop compliqué pour les spécialistes du genre ; donc, pourquoi ne pas redemander à Hector, Archimède, Patrocle, de la lignée Hippocrate, de s’en occuper avec quelques nouveaux confrères en pointe sur le sujet ? Après quoi le simple fait de les mettre en présence d’éléments terrestres suffirait à réactiver leur mémoire, à tout le moins pour un temps. Il ne resterait plus qu’à observer leur comportement. Mais pour que cela leur plût, il leur fallait une appellation, une discipline au nom singulier ; car c’était souvent le cas, sur leur astre, de certaines d’entre elles dont l’intitulé se révélait le plus souvent incompréhensible pour bon nombre, comme ils avaient pu le lire dans le « Grand livre de la connaissance universelle ». Leur futur métier sur Crusadée serait donc « souveneur ». Avant, ils étaient aviateurs, maintenant « souveneurs », ça se tenait, et ça rimait même... Souveneur, spécialiste de la souvenance, de ses péripéties, de la méthodologie pour l’appréhender, bref, des expériences allant avec cette recherche pointue : la mémoire cosmique. Et tout comme un médecin pouvait s’inoculer un candidat vaccin, les involontaires candidats se feraient fort d’allier visions scientifiques et prises de risques qu’ils assumeraient eux-mêmes. Albertir, Herman, Abram, de la lignée des Einstei, n’était pas peu fier de son stratagème qui venait de germer dans son esprit. Il ne lui restait plus qu’à le mettre maintenant à exécution.

*

Lorsque leur bip les prévint, les quatre s’attendaient à ce que ce fût Miris, mais c’était Onéris, qui les laissa un peu sur leur faim. Elle leur annonça qu’on leur avait trouvé un travail, et qu’ils pourraient désormais s’intégrer totalement à la vie sur Crusadée, savoir être utiles pour les autres, combler ces chainons manquants qui conduisent à une parfaite harmonie des corps et des esprits. À ce mot « souveneur », ils en restèrent cois. Bien entendu, ça sonnait bien, tout comme leur précédent métier d’aviateur qui leur collait à la peau et qui ne s’oubliait pas, même au-delà des frontières cosmiques. Elle leur dit, pour les amadouer et les flatter, qu’ils pourraient à présent, lorsqu’ils seraient en présence de nouvelles connaissances, non seulement décliner leur identité crusadéenne, mais y ajouter maintenant une qualification dont ils pouvaient être fiers, surtout accomplie au sein du cosmoport où œuvraient quelques élites de la planète. Elle tenta d’étoffer l’importance de cette spécialité, dont ils n’avaient encore jamais entendu parler, même dans leur précédente vie. Elle y mit du sens, de la forme, des idées aussi, car elle n’était pas en reste de bien mettre en évidence certaines particularités du métier dont elle ne soupçonnait pas même l’existence quelques minutes avant, mais c’était son rôle d’enjoliver le moindre fait anodin. Lorsqu’elle les entretint de petits risques, ils bombèrent le torse. Prendre des risques, ça, ils savaient le faire ! Cela avait été toute leur vie ! Alors, être à la fois les cobayes et les observateurs, pour en tirer des données scientifiques, quoi de plus naturel à leurs yeux. Décidément, ils l’aimaient déjà, ce nouvel emploi : « souveneur ». La prochaine fois qu’ils rencontreraient Miris, Essoris, Éliantor, de la lignée des Augustin, et Néros, ils pourraient converser à armes égales, chacun d’eux paraissant bien dans sa peau, en l’occurrence, être utile à l’entière communauté crusadéenne, qui faisait fi de différences entre les êtres.

Ils avaient d’ores et déjà hâte d’exercer leur inédite profession, reprendre une existence qui s’était, malgré eux, interrompue. Aussi devoir repasser entre les mains de l’habile chirurgien, Hector, Archimède, Patrocle, de la lignée Hippocrate, et de quelques-uns de ses disciples d’étude, ne leur sembla pas un grand obstacle à surmonter. Quant à travailler avec une personne aussi réputée qu’Albertir, Herman, Abram, de la lignée des Einstei, cela aurait été pour beaucoup, un rêve... Ils furent du reste passionnés par son discours lorsqu’il leur conta les tenants et les aboutissants de leur métier de « souveneur », à la pointe de la recherche sur Crusadée. Car ce n’était pas souvent que des expéditions cosmiques revinssent avec des autochtones. Il fallait donc qu’ils profitassent eux-mêmes de leur exceptionnalité. Peu à peu, il les persuadait d’entrer un jour dans son caisson, malin qu’il était...

Hector, assisté de quelques confrères, fit en sorte de pouvoir déconnecter et reconnecter leur zone corticale aussi facilement que manœuvrer un interrupteur. Cela allait être bien utile dans le compartiment d’étude. Les extracrusadéins, dont Michael s’était proposé pour être le premier à pénétrer dans l’espace expérimental, souffriraient-ils de nouveau, par exemple, de la faim, de la soif? Tous étaient avides d’en connaitre le résultat.

Quand ledit Michael, Vlatir, Susnaque, de la lignée des Terrien, entra dans le caisson après qu’on en eût manipulé une espèce de levier servant de lien entre vies crusadéenne et antérieure, et qu’on lui eût projeté des images de sa Terre natale, de révolus souvenirs d’Hydroxy-26 remontèrent à la surface, tout comme ce fut précédemment le cas au musée sidéral. Michael était déjà un grand « souveneur », fier de son métier, de sa qualification, de son expertise, tandis que ses collègues souveneurs scrutaient avec délectation son professionnalisme. Avides d’en apprendre plus sur cette distante planète qu’était Hydroxy-26 et de faire avancer, sur ce sujet, le savoir crusadéin. Car, si l’on pouvait observer de très loin une exoplanète, être au fait de connaissances cosmiques, géographiques, géologiques, permettant d’y deviner un plausible habitat, on restait néanmoins muet sur les êtres qui pouvaient y résider. Michael allait-il revivre devant eux certaines émotions terrestres ? Et puisqu’on venait de lui couper l’accès à l’énergie cosmique, allait-il commencer par ressentir la faim au bout de quelque temps ?... Comment allait-il se comporter lorsqu’il reverrait un chien ? Tenterait-il de discourir avec lui, au point de passer pour quelqu’un qui aurait perdu la raison ? Tous étaient aux abois, aux abois d’inédites connaissances à ce sujet. On fit en sorte de faire croire à Michael qu’il était au sein d’une nouvelle mission spatiale, qu’on le réveillait à l’instant, et qu’il était à présent à proximité d’Imohé-8, une planète bleue dont les contours se présentaient à ses yeux. Serait-il toujours crusadéin, ou redeviendrait-il terrien, et, dans ce dernier cas, venant de décoller de son astre unique, et l’observant maintenant sous un autre angle ? Ils allaient bientôt le savoir...

Acheter ebook sur Amazon

© 2025 by Julien Gabriels - auteur

extraits de ses romans

Logo du site Bookstannuaire

présent sur :

Powered and secured by Wix

bottom of page