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Destination Parallèle A

Destination Parallèle A : roman de Julien Gabriels
Premier extrait
4e de couverture

Destination Parallèle A  - 2017

Quel était le mystère contenu dans la jambe d’Alex, prélevée au petit matin par Philippe Chouteau, jeune médecin, conséquence d’une soirée copieusement arrosée ? Mystère que cherchaient à percer quelques malfrats… Bien plus tard, son fils, Hubert, découvrira dans cette jambe naturalisée un code, qui l’entrainera dans de rocambolesques et fantastiques aventures, parmi de singuliers personnages et nos précédents forbans, et bien au-delà du Parallèle A, où avaient survécu quelques survivants au grand cataclysme de ces dernières années. Et qu’allaient désormais entreprendre ces rescapés, errant dans une région que l’on croyait à présent inhabitée, pour regagner leur place dans la société ?…

Premier extrait

I - À l’écart de l’affluence des grands jours, un feu de signalisation ferroviaire venait de changer de couleur. Les voies étaient désertes ; seul un chien égaré errait sur le ballast à la recherche de rares détritus, le plus souvent emportés et disséminés par le vent.

Tendant l’oreille, le corniaud s’enfuit aussitôt pour franchir un grillage troué par endroits. Car se dessinait à l’horizon et grandissait un convoi.

Presque simultanément, un autre train apparut en sens inverse, en provenance de la gare du sud, toute proche.

Là, sous une verrière flambant neuve de la nouvelle gare, Grand-Paris Sud, à l’esthétique industrielle recherchée, la voix suave d’une hôtesse annonçait une arrivée imminente tandis que démarrait un jingle dans le but de capter l’attention des voyageurs :

« Arrivée à 22 h 33, voie numéro 10, du TGV 8584 en provenance de Saint-Jean-de-Luz. »

Reprenait aussitôt la même tonalité doucereuse et haut perchée :

« Voie 12, le train de nuit 3751 à destination de Bordeaux Saint-Jean partira à 22 h 57 ; ce train desservira la gare de Montauban. »

Quais numéros 5 et 6, le timbre officiel et féminin était quelque peu couvert par l’arrivée, voie 10, du précédent convoi qui avait fait fuir le clebs, de même que par le brouhaha de gamins partant en colonie de vacances, voie 9.

Quai 5, voie 10, les voyageurs descendaient maintenant des différents wagons. Assis sur un banc à proximité, les observait un homme intéressé. Habit élimé mais propret ; visage un rien émacié mais bien rasé : il n’était pas question d’effrayer la rare clientèle !

 

— Toine !… Quelqu’un pour toi ! cria l’un des responsables de quai.

Lequel agent, képi vissé sur un profil anguleux, était assis à un pupitre de contrôle ambulant qu’il déplaçait au gré des départs et des arrivées ; commandant à distance des informations ponctuelles pour les usagers : une sorte de service de proximité, en somme. Il venait d’entrapercevoir une dame d’un âge respectable se démenant avec un bagage encombrant qu’elle avait grandes difficultés à faire tenir debout. Sans doute une piécette bienvenue pour Toine !… ; et il en avait besoin !…

Toine, de taille moyenne, était malgré tout bien charpenté ; avec un nez camus posé sur un visage buriné par le temps et les privations, un éternel béret basque lui servant de couvre-chef.

Or, Antoine l’avait également entrevue, cette femme, parmi maintes gens pressés. Il accourut aussi vite qu’il le put sur des jambes usées par des décennies de vagabondage…

Sous l’effort, il haletait à présent, tandis qu’elle cherchait déjà l’idoine pièce adaptée à la soudaine suée.

— Elle est très lourde, n’est-ce pas ? susurrait-elle au miséreux au moment où tous deux arrivaient au niveau du contrôleur au pupitre mobile.

Toine avait en effet un mal de chien à faire progresser l’imposante valise dont une roulette était hors d’usage.

— Dépêche-toi de revenir ! lui glissa l’homme au képi… J’ai un ami qui aurait aussi besoin de tes services !

— J’ai qu’deux bras !…, maugréait Toine qui transpirait déjà plus que de coutume. Foutu bagage ! pestait-il…

— Je te garde mon pote au chaud ! Tu le regretteras pas !… J’finis mon travail dans dix minutes… On ira s’en j’ter un tous les trois ! J’vous invite…

— C’est pas de refus !… Le temps d’arriver aux taxis, j’s’rais déshydraté !…

— Au départ, elle roulait bien, cette valise !…, lui assurait la dame, contrite et quelque peu embarrassée par cet état de fait tandis qu’elle cheminait à petits pas au côté d’Antoine… Je ne sais pas ce qui se passe.

— À tout de suite ! reprit le contrôleur derrière leur dos…

C’était sa manière, à cet homme, de soulager comme il le pouvait les misères du monde… Toine, depuis des décennies, les partageait toujours, ces misères !… Aujourd’hui, il faisait partie des meubles de la nouvelle gare, en quelque sorte… ; et personne ne se serait avisé de le mettre au rebut !

 

*

Entretemps s’était écoulée une petite heure… Sa journée terminée, Antoine s’était écarté des voies les plus fréquentées. Il se reposait sur un banc éloigné des plateformes car il craignait les importuns.

Le soleil du soir dardait encore les rails chauffés à blanc au cours de l’après-midi. Et la réverbération de la chaleur noyait le tout dans un flou artistique.

Toine n’était en rien blasé et, sans nullement se lasser, continuait d’observer les trains qui arrivaient. Cette fois, c’était un convoi de marchandises, juste de passage et rare en ces lieux, car cette gare n’acceptait d’ordinaire que des trains de voyageurs.

Dans le lointain, l’on percevait encore, en murmure, la voix de la speakerine : « Le TGV 6134, en provenance de Marseille Saint-Charles, va entrer en gare. »

Tout à coup, à l’horizon, ressurgit un autre convoi. Sous peu, il se videra de ses voyageurs pressés ou fatigués, mais ravis d’être enfin arrivés à destination. Antoine – puisqu’il n’avait plus que ça à faire – observait sur le bas-côté la lente progression de trois chemineaux en file indienne. Puis apparut subitement un autre serpentin qui grandit sous ses yeux pour ensuite s’engouffrer sous la verrière nimbée des derniers rayons du soleil. L’homme perçut encore un jingle adapté à l’évènement qui allait suivre, puis la voix d’une hôtesse en faire l’annonce : « Le petit Christian, qui s’est perdu, est attendu par ses parents au bureau d’accueil principal. Il porte un jean de velours bleu ciel, un chandail jaune poussin, des Kickers et un petit cartable plastifié, bleu-marine et rouge, sur le dos. Nous demandons à toute personne qui l’apercevrait de le diriger vers un agent du rail. Par avance, merci à tous de votre aimable collaboration… »

D’un rouge vif, le soleil déclinait lentement sur le réseau ferroviaire. À présent, le banc sur lequel Toine s’était précédemment reposé était inoccupé… Y trainait encore un journal du jour… À proximité, un signal lumineux changea de couleur… On annonçait une demi-heure de retard pour un train de nuit qui ne devrait entrer en gare qu’à deux heures et demie du matin au lieu des deux heures initialement prévues.

Un pigeon noctambule s’envola en se détachant, telle une chauvesouris, sur les lumières de la ville qui s’endormait peu à peu.

 

*

La nuit était déjà bien avancée. On s’en rendait compte à de menus détails : trottoirs déserts, peu de mouvements de véhicules, oiseaux endormis dans les arbres et bien à l’abri de feuilles juvéniles. Il y avait toutefois et toujours, les attardés habituels ; et, parmi eux, un jeune homme d’environ vingt-huit, trente ans, costume clair, chemise fantaisie, le tout dans un désordre bon enfant : liquette largement ouverte sur un poitrail musclé, cravate unie ceinte autour des hanches à la façon d’une écharpe de maire. Il avait, semblait-il, joyeusement fêté cette soirée !…

Second extrait

Second extrait

Très loin d’ici, dans une annexe du ministère de la Sureté intérieure, avait été mis en place ce qu’on appelait, une cellule de crise. Dans une salle de conférences, le maréchal Rousseau, chef d’état-major, avait réuni quelques importants personnages, tant des armées que de différents cabinets. Le Premier ministre même assistait aux débats. Le maréchal prit la parole :

— Messieurs, si je vous ai réunis aujourd’hui, c’est que j’ai des révélations capitales à vous faire… C’est pourquoi j’ai demandé à Monsieur le premier Ministre d’être parmi nous, ainsi que Monsieur le Ministre de la Sureté intérieure et, naturellement, notre ministre de tutelle : le ministre de la Sureté extérieure. Notre président attend avec impatience notre décision.

» Messieurs les Officiers, je pense qu’il serait de bon ton de vous présenter à nos dirigeants, avec vos fonctions exactes que, peut-être, tous ne connaissent pas…

L’un des généraux se levait déjà et se présentait, comme l’avait suggéré le maréchal Rousseau : « Général Morbon, chargé de la surveillance générale du territoire ».

Ce fut ensuite au tour des autres officiers généraux de donner leur patronyme et d’annoncer leur charge : « général Couret, commandant en chef de l’armée de terre ; amiral Le Flohic, commandant en chef de la défense sur mer ; général Kaminski, commandant en chef de l’armée de l’air ; colonel Mélin, chargé de l’interception par satellites ; colonel Ancelin, de la sureté civile, commandant en chef de toutes les brigades d’interception et de maintien de l’ordre interne ; colonel Bricard, des services secrets ; général Duval, chargé de la surveillance générale des services secrets, commandant des brigades spéciales œuvrant hors du territoire national ; colonel Véron, chargé du traitement et de la réhabilitation future des régions sinistrées. »

Le Premier ministre se leva et remercia tous les protagonistes. Puis il se tourna vers les autres ministres ci-présents et leur dit :

— Naturellement, je ne vais pas vous faire l’affront de vous présenter le maréchal Rousseau, commandant suprême de toutes nos forces de sécurité.

Il s’adressait maintenant directement au maréchal, l’invitant à prendre la parole. Celui-ci lui témoigna toute sa gratitude, mais annonça que c’était surtout le colonel Véron qui avait d’importantes déclarations à leur faire. Aussi lui suggéra-t-il d’entrer dans le vif du sujet…

Le colonel Véron se leva donc, s’avança sur le devant pour s’exprimer. N’ayant pas la moindre idée de l’intervention projetée, l’assistance était tout ouïe.

Le colonel Véron était un homme qui en imposait par sa stature. À première vue, il devait faire un bon mètre quatre-vingt-dix. Tout était argenté dans son regard, des cheveux épais aux sourcils, en passant par une barbe fine qui était redevenue à la mode. Le front volontaire et les pommettes saillantes ; émanait de lui une certaine jovialité qui, cette fois, ne serait peut-être pas tout à fait en harmonie avec le discours qu’il allait sans doute tenir. La salle était en haleine. Il se lança :

— Eh bien ! Messieurs, comme je viens de le dire à l’instant, je suis chargé de la réhabilitation de la région sinistrée. À ce poste, j’ai donc la responsabilité de toute la recherche scientifique ayant trait à ce sujet crucial, mais aussi celle des deux « unités spéciales », déjà opérationnelles, et, pour le moment, de la construction de trois nouvelles unités qui porteront bientôt à cinq, et d’ici deux ans, le nombre d’engins de traitement des zones polluées.

» Je ne suis pas ici pour vous parler de la réussite déjà obtenue, et du grand espoir que nous fondons sur ce matériel, mais de quelque chose d’infiniment plus grave qui vient d’être découvert… Il y a quelques semaines maintenant, l’un de nos appareils, Le Pacifique, a localisé des survivants… Des hommes, mais aussi des femmes…

» Il est vrai que, tous convaincus qu’il n’y avait plus en ces régions âme qui vive, l’on avait délaissé la surveillance de ces étendues désormais désertiques…, ou tout comme !…

On murmurait aussitôt dans la salle… Le ministre de la Sureté intérieure intervint :

— Mon colonel, vos hommes ont-ils pu entrer en contact avec ces rescapés ?

— Monsieur le Ministre, nous avons été mis en face d’un dilemme, qu’il nous a fallu au plus vite trancher !… Si vous le voulez bien, je vais vous projeter quelques photos, et les commenter afin d’illustrer au mieux mon propos.

La lumière s’éteignit.

Suivirent un cliché du « Pacifique » et un bref exposé technique. Puis il dit :

— Ceci est la photographie aérienne des ruines d’une bourgade…

Une nouvelle prise de vue avait fait place à la précédente. Le colonel continuait son explication ; indéniablement précise et insistant sur chaque détail qui avait son importance…

— Les mêmes amas, cette fois pris en photo au ras du sol… Amplitude 20… ; vous pouvez le lire en dessous. Un autre cliché va nous montrer pourquoi… Un pan d’un immeuble de neuf étages est encore debout. Notre technique est de réduire au maximum cette amplitude, jusqu’à une limite acceptable… Pour cela, l’on dispose de divers missiles appropriés. Vous voyez ici le tir de l’un deux…

Les photographies se succédaient, chacune apportant leur lot d’explications pertinentes.

— Un autre missile, reprenait-il à l’instant même. Celui-ci est plus petit, comme vous pouvez le remarquer.

S’enchainaient les images…

— Là, c’est le résultat final. Amplitude : 2,5. Notre but est de laisser derrière nous un paysage quasi vierge, prêt, dans les années à venir, pour une nouvelle reconquête de la part de pionniers.

» Quand il s’agit de décombres de maisons isolées, comme vous pouvez le voir sur cette photo-ci qui est, je crois, la dernière, la gigantesque lame à l’avant des engins suffit à les raser et à parfaitement égaliser.

On rallumait. Toutes les personnes clignaient maintenant des yeux, avant que leurs pupilles s’habituassent tant soit peu à la lumière revenue.

— Voilà, Messieurs, notre façon de procéder ! Mais le cinq mai, dans l’une de ces ruines, notre « Pacifique » a été confronté à la présence de quasi-miraculés… Comme notre objectif est d’assainir à tout prix l’environnement contaminé, après avoir été alerté par l’équipage, et un bref instant de réflexion, puis un entretien téléphonique des plus confidentiels avec le maréchal, l’état-major a pris la décision de « nettoyer » cet endroit…, comme les autres !…, ruines et habitants compris !…

— En avez-vous au moins gardé des traces ? interrogeait aussitôt le Premier ministre.

— Oui, bien sûr. Quelques photos, et même des enregistrements numériques, dit le colonel Véron… ; au secret, bien entendu ! Voulez-vous que je vous les fasse apporter ?

— Non, répondit-il. Pas pour le moment. Plus tard, peut-être…

Troisième extrait

Troisième extrait

 

Le lendemain, et dès les premières lueurs de l’aube, « Le Paisible » se présenta donc près de l’endroit où, quelque temps auparavant, tous avaient entraperçu Alexis. En effet, grâce aux cartes de l’Institut géographique national – déjà l’IGN de leur jeunesse –, ils avaient parfaitement réussi à géolocaliser le lieu où, tout à fait par hasard, ils avaient découvert ce singulier bonhomme ; puis à y revenir aisément.Le mastodonte était par conséquent resté sur place toute la journée, faisant néanmoins quelques allées et venues aux alentours. À présent, une partie de l’équipage attendait l’heure fatidique, aux environs de vingt heures. Car il n’allait sans doute pas tarder, leur Alex, ou son fantôme !Ils gagnèrent aussitôt les hublots, avec des jumelles. Et patientèrent longtemps. Puis revinrent le lendemain, le surlendemain, le jour d’après… Et durent se rendre à l’évidence qu’il n’y avait plus d’Alexis… ; cet Alex aux moignons sanguinolents depuis des décennies !…Ainsi, l’endroit ne fut plus jamais troublé par l’étrange présence d’Alexis qui, depuis des années, et par quel mystère, allait et venait, tel un somnambule, en se soustrayant à la vue des uns et des autres, disparaissant comme par magie, et invariablement dans le même secteur !… Assurément, le fameux code secret y était sans doute pour quelque chose !…Or, pour le moment, et raison de plus puisqu’ils étaient toujours bredouilles, ils ne pouvaient laisser tomber leurs investigations et leur désir de savoir !… Ils se devaient d’insister…*Alors parut une nouvelle aube, semblable à beaucoup d’autres…Dans la salle de commandement, devant deux tasses de café noir et quelques croissants congelés passés au four, en guise de petit-déjeuner, le capitaine Richard Bergue demandait à son commandant :— Vous croyez qu’on va le revoir un jour, Alex ?…— On l’a bien auparavant aperçu, durant plus d’une semaine, et au même endroit, toujours à la même heure !… Avant qu’on nous donne l’ordre de nous mettre à la recherche du « Pacifique » !…— On a quand même perdu plus de cinq mois avec cette quête surréaliste, retrouver « Le Pacifique », lança Richard… Et pour rien !… Qui plus est, on n’a plus l’autorisation de sortir de notre engin, à pied, maintenant !…— En tout cas, vous m’avez convaincu, Bergue…, exprimait à cet instant avec satisfaction le commandant Morin. Quelle histoire !… Surtout si c’est pas vous qui l’avez buté !…— Certainement pas !Et Richard en était même persuasif…— Buter un pote !… Impossible !… Certes, nous n’étions pas des enfants de chœur à cette époque, commandant, mais de là à occire un camarade qui, en plus, déjeunait souvent dans le même restaurant que nous autres : « Le Troquet hanté », au nom si sympathique d’ailleurs !… Même pour tout l’or du monde, on n’aurait pu le faire !…À l’occasion, Richard Bergue savait fort bien mentir. Paul, à proximité, en était quelque peu gêné, mais le commandant ne s’en était pas aperçu. Lui-même n’aurait jamais eu l’aplomb de Richard et se serait peut-être trahi !… Mais pour Richard, bien que le commandant Morin, à présent, n’ignorât rien de leur jeunesse difficile et parfois délictueuse, il n’était pas question de passer pour des meurtriers, au reste impunis. Et pour assoir définitivement cette assertion, il dit :— Croyez-vous qu’on serait ici, commandant, si nous étions tant soit peu mêlés à cet assassinat ? !… On a juste eu vent de l’histoire… Après quoi, nous avons mené une opération de « chirurgie récupératrice »… Certes, bien risquée !… On ne doutait de rien, à l’époque !… Heureusement, on avait bien préparé notre coup, et les policiers n’ont jamais pu remonter jusqu’à nous… Il y a d’ailleurs prescription maintenant !…— Et vous n’aviez vraiment rien trouvé ? lui demandait le commandant.— Rien de rien !… Sans doute que les indices étaient dans l’autre canne…*Au cours de ce dernier échange, Richard Bergue s’était remémoré leur trajet, cette fois-là, bien des années auparavant, juste après leur incursion dans l’hôpital pour y prélever la seconde jambe d’Alexis. Et après qu’un providentiel autostoppeur, un prêtre, en plus, leur eut sauvé la mise… Ils étaient arrivés ensuite en vue d’une maison quelque peu isolée, celle de Maxime et de sa femme. Ils avaient du reste, pour s’y rendre, dû emprunter à la fin un petit chemin à peine empierré et bordé de marronniers, à l’écart de la route principale. Puis ils s’étaient engouffrés dans le garage en sous-sol.Là, les avait aussitôt accueillis Maxime, ses cheveux poivre et sel et sa moustache avenante… Et après ce long trajet semé d’embuches, Paul et Richard avaient vraiment été ravis de pouvoir se dégourdir les jambes !… Certes, la guibole d’Alex avait été on ne peut mieux cachée dans la voiture et non visible au premier abord, mais elle n’était quand même pas à l’abri de la clairvoyance et du flair indéfectible de la maréchaussée canine. Heureusement, ce jour-là, le curé qu’ils avaient chargé dès potron-minet leur avait évité d’avoir affaire à ces efficients enquêteurs à quatre pattes…Ils gagnèrent ensuite le rez-de-chaussée. Une femme, compagne de Maxime, qui devait avoisiner les quarante-cinq ans, les embrassa. Elle se prénommait Juliette ; de taille fort moyenne, vêtue d’une robe d’été imprimée, un rien décolletée et faisant apparaitre la naissance de ses seins généreux. Elle était chaussée d’espadrilles. Elle avait remonté ses cheveux en chignon, qui la grandissait quelque peu.Lorsqu’elle vit dans les mains de Paul le paquet cadeau contenant la jambe fraichement coupée, elle leur dit :— Alors, vous l’avez ?… Génial !… Je vous ai tout préparé là-haut !…Richard et Paul refusèrent pour le moment la collation qu’elle leur avait concoctée pour les délasser de leur harassant voyage, tant ils étaient excités de connaitre enfin ce que recélait la guibole !…Aussi, tandis que Juliette passait dans une autre pièce pour vaquer à ses occupations, montèrent-ils tous trois, et sur-le-champ, au grenier, où tout avait été apprêté pour disséquer la canne d’Alex et lui faire avouer ses secrets…

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